Alors qu’une chape de plomb s’est récemment abattue sur Hong Kong, faisant voler en éclat la pratique « un pays - deux systèmes », régissant la vie de l’ancienne colonie britannique depuis sa rétrocession à Pékin en 1997, le cardinal Joseph Zen s’est vu interdire la traditionnelle distribution des « gâteaux de lune » aux détenus de la ville. Une pratique « subversive » aux yeux du pouvoir communiste.
L’histoire débute il y a une dizaine d’années, lorsque celui qui est à l’époque évêque de Hong Kong - le cardinal Joseph Zen - décide de distribuer aux détenus des « gâteaux de lune ».
Ces pâtisseries traditionnelles sont fort appréciées dans l’empire du Milieu, où elles sont dégustées en famille ou entre amis, lors de la fête de la mi-automne.
Après avoir quitté ses fonctions, le haut prélat chinois a gardé l’habitude d’accomplir chaque année ce geste charitable envers la population carcérale de Hong Kong.
Mais, le 31 août 2020, les services pénitentiaires de l’ancienne colonie britannique informent par courrier le cardinal qu’à partir du 1er octobre prochain – date de la fête de la mi-automne en 2020 – il ne lui sera plus possible de procéder à la distribution devenue traditionnelle des fameux gâteaux.
La raison alléguée a de quoi faire sourire : la distribution de pâtisseries aurait une portée éminemment politique dans le contexte actuel.
Depuis l’entrée en vigueur de la loi de sécurité nationale, le 1er juillet dernier, Pékin a choisi la manière forte afin d’étouffer toute velléité d’indépendance à Hong Kong : les arrestations ne cessent de se multiplier. Offrir des gâteaux de lune – signe de bon présage en Chine – à des éléments jugés subversifs, voilà une chose impensable aux yeux du pouvoir communiste.
Le fait que Mgr Zen soit l’une des voix les plus critiques à l’égard du régime chinois – n’hésitant pas à soutenir les récentes manifestations en faveur de la démocratie – permet de mieux comprendre pourquoi les successeurs de Mao craignent que les miettes de gâteaux ne leur restent en travers de la gorge.
Le prélat a répondu aux autorités que la distribution de gâteaux aux prisonniers – très populaire selon lui, dans le milieu carcéral – ne revêtait aucune arrière pensée politique, mais qu’elle visait à réconforter les prisonniers, leur rappelant qu’on ne les avait pas oubliés.
« Je suis très malheureux de décevoir les détenus cette année », a déclaré l’évêque émérite, qui n’entend pas rester les bras croisés devant les mesures vexatoires des autorités communistes. « J’irai distribuer mes gâteaux à davantage de personnes encore : ceux qui sont sans défense et oubliés (…) afin que chacun puisse goûter un peu de douceur dans une vie bien amère ».
Le pouvoir communiste appréciera fort peu la manœuvre : il faut avouer que, dans l’histoire de Chine, les gâteaux de lune ont parfois apporté leur lot de surprises. Ainsi, au XIVe siècle, le signal de la révolte des Turbans rouges - qui vit les Han chasser les Yuan, permettant l’avènement de la dynastie Ming - a été donné par le biais de messages cachés à l’intérieur de ces pâtisseries automnales, que seuls les Han avaient l’habitude de consommer…
September 10, 2020 at 01:07PM
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Hong Kong : le gâteau passe mal - FSSPX.Actualités
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